[libre] Les sens de la guerre

Lorsqu’Anselme eut traversé la fissure qu’il avait découvert sur son monde d’origine, tout son être fut pétrifié : Jamais il n’avait eut affaire à une telle agression sensorielle ! De tout coté s’élevaient des explosions particulièrement acide, et une odeur acre et sourde de la mort commençait tout juste à pointer. Son esprit s’évada alors, empêchant sa raison de céder devant autant de stimuli.

Tandis que son corps restait de marbre, d’une rigidité presque cadavérique, ses pensés voguaient dans un flou mêlant passé, présent, futur, proche, lointain. De temps en temps, l’horizon s’éclaircissait et il parvenait à discerner le son singulier de son pendentif, agité dans une tempête au gout indescriptible. Dans ces rares moments d’accalmie, il finissait inlassablement par se retrouver sur les champs de batail de sa jeunesse. Cette époque bénie où ne pesait pas encore sur lui le poids de l’âme du magicien. Ce temps mémorable ou il combattait à l’aide de sa fidèle lame, toujours a son coté. Aujourd’hui, il ne savait même plus s’il était capable de se fendre correctement.

N’ayant jamais le temps de conclure sa réflexion avant de sombrer de nouveau dans la nébuleuse, il tournait en boucle dans son propre esprit. S’il avait été en état de s’en rendre compte, il aurait très certainement conclu qu’il était en train de se perdre en lui-même et que chaque instant l’éloignait encore plus de la réalité. La seule chose qui permettait à son esprit de ne pas se disloquer était le cliquetis de son pendentif. Son pendentif ? Mais oui !

Dans un instant fugace de lucidité, Anselme parvint à grand peine à bouger sa main, y serrant de toute son âme les six ailes noires enserrant un rubis. Dans un effort surhumain, il insuffla au bijou l’ordre fatidique : « Sixième Envole »

Instantanément, une unique aile noire se déploya, et le rubis se mis à luire faiblement. En s’ouvrant aussi brusquement, l’aile sombre entailla la paume d’Anselme, libérant par la même occasion quelques goutes de sang qui se mêlèrent au rougeoiement. Grace à la combinaison de la douleur physique et de la libération partielle de son patrimoine nocturne, l’aveugle parvint à sortir de sa torpeur.

N’ayant pas le moindre indice sur la duré de sa perte sensorielle, Il s’empressa de vérifier si son environnement n’avait pas été altéré en son absence. Cruel dilemme que celui qui consiste à puiser des informations à l’aide de ses sens sans que ceux si ne soient saturer par la guerre. Pourtant, sa désorientation ne s’étant pas encore estompé, il ne parvint qu’à sentir l’architecture et le contenu de l’immeuble où il se trouvait grâce à leur vibration. Mais s’il s’était risqué à ressentir l’extérieur, il aurait pris le risque insensé de retomber en léthargie.

Suivant ses sens, Anselme se dirigea droit vers le point structurel le plus sur. Il n’était pas rare de voir des bâtiments entiers s’effondrer au cours d’un affrontement, c’était d’ailleurs plus souvent une règle qu’une exception. S’il ne se trompait pas, le hall principal de cette bâtisse était parfait. En cas d’effondrement majeur, ce lieu résisterait suffisamment longtemps pour lui permettre de le quitter, et si c’était le hall lui-même qui était la cible de l’effondrement, et bien cela serait le choix du destin. Il existe toujours un risque de mourir, où que l’on soit, et quand que l’on soit.

Maintenant qu’il était en relative sécurité, Anselme referma d’un geste vif l’aile noire. Se servir plus que de raison de sa force était contraire a ses principe : peut être était-ce encore une machination a son encontre.

Depuis le hall, il avait une représentation très précise de la rue adjacente. Il y ressentait exactement six-cent-quarante-deux âme, avançant ou reculant dans un chaos indescriptible. Certains, téméraires, se dirigeait vers l’affrontement principal. D’autres, craignant pour leur vie, cherchaient fébrilement un refuge. D’autre encore profitait de la cohue pour emprunter les biens d’autrui.

Etrangement, un être en question attira particulièrement l’attention d’Anselme. Ce dernier semblait empli de sentiments bien plus intenses que la foule lambda. Peut être vaudrait il le coup de s’y intéresser plus avant.

L'odeur de la jeune femme était grondante mais sucrée, un mélange relativement rare, et Anselme Avait appris que ce genre de femme était généralement extrémiste : elles étaient soit des alliées des plus précieuse, soit des monstruosités proche des succubes, usant de leurs charmes à la perfection. De tout son cœur, il espérait qu'il s'agisse de la premier catégorie, ou bien d'une exception a la règle.

Etrangement, il ne parvenait pas a rester focalisé sur elle. Alors qu'il la ressentait avancer, les différents stimuli qu'elle émettaient se contredisait régulièrement, tout comme leur intensité qui avait une fâcheuse tendance a passer de l'extrême a l'imperceptible. Anselme fut donc des plus surpris quand un souffle brulant parvint a son oreille, et qu'il se rendit compte qu'elle était à ses cotés.



Le son se sa voix, très faible, résonna malgré tout longtemps dans sa tête, comme si une forme de magie était a l'œuvre. Restant le plus impassible possible, mais ne se faisant pas d'illusion sur ce point, le nocturne pris la parole après avoir tourné la tête vers son interlocutrice, sans bouger le reste de son corps du moindre millimètre.



Le ton froid qu'il avait employé n'était qu'apparent, il ne pouvait pas se permettre de se rapprocher d'inconnue qu'il risquerait de faire souffrir par la suite. Mais il avait un étrange pressentiment vis a vis de cette jeune femme, malgré la neutralisation de sa prescience. Peut être était elle de celles avec qui il pouvais se permettre de s'ouvrir ?

Le nocturne ne savait plus quoi penser : en un sens, la dénommée Deva émettait des sons amicaux, mais tout les autres sens lui criaient que quelque chose clochait : une des colonnes formant l'ossature du bâtiment avait perdu toute intégrité à proximité de la jeune femme, avant de disparaitre tel un écho.

Cependant, même si l'on ne pouvait rien présager du futur, ou du moins même Anselme s'interdisait de pouvoir le présager, le nocturne décida de prendre un risque, surement inconsidéré, et d'accepter Deva parmi ses "connaissances". En d'autre terme, il accepterait d'engager la conversation et ne l'oublierais pas le lendemain.
Soudain, elle lui pris la main, et tout fut différent. La peau était douce, mais aussi acide, comme prête a lacérer toute résistance. Sous l'épiderme se trouvait une tempête d'une intensité qu'Anselme n'avait connu que chez les nocturnes, et pour cause, un humain n'y survivrait pas.

Lorsqu'une rafale de vent sec mais sucré s'engouffra dans le hall où se trouvaient les deux individus, Anselme perdit d'un seul coup la plupart des repère qu'il était parvenu a construire vis a vis de cette étrange femme. en un instant, elle n'était plus que pureté, d'une douceur infinie, sentant le lys blanc. Comment un changement aussi radical était il possible ? Jamais le nocturne n'avait ressentit changement aussi brutal de sa vie !
C'est alors qu'un cri déchirant perça ce tableau idyllique. l'espace d'une fraction de seconde, les sens d'Anselme furent tellement saturé qu'il cru percevoir un flash lumineux, chose inconnue de ses yeux éternellement clos. Il du même user de toute la force de son esprit pour ne pas sombrer de nouveau dans une sorte de torpeur insondable dont il n'était pas sur de ressortir.
Malgré tout, il se senti partir, perdant pied dans la réalité. Il lui fallait réagir, au plus vite, mais comment ?
Avant qu'il ne puisse trouver la réponse, il n'était déjà plus nécessaire de la chercher : le cris avait cesser et une main aigue et salé l'empoigna vigoureusement par l'épaule
Le calme revenu, Anselme ressentit comme une ombre emplumé ... des ailes ?
Bien entendu, il était impensable pour lui de se trahir en révélant certaines des caractéristiques inhabituel dont il disposait, telles ses ailes, si les traits en questions n'étaient pas courant là où il se trouvait. la réponse ne se fit pas attendre.

Ainsi, les êtres de ce lieu étaient capables de ressentir en lui une certaine puissance ? ou du moins, cette jeune femme en était capable. et dans ces condition, a quoi bon dissimuler sa vrai nature ?
Refusant tout de même une libération total, bien trop risqué, Anselme parvint tout de même a la conclusion que desceller deux niveau de puissance devait être amplement suffisant, surtout que cela lui permettrait d'avoir recours a ses ailes, non déployé depuis une éternité.

*cinquième envol *

insufflant ces mots dans son pendentif, Anselme déclencha le mécanisme magique régissant le bijou. en un instant, deux ailles diamétralement opposé s'ouvrir sur l'objet, entaillant une fois de plus la peau du nocturne; le sang mêlé au rubis se mis alors a rougeoyer de mille feux.
Sentant la puissance regagner son corps, Anselme déploya ses propres ailles aussi noir que les ténèbres. en un battement de cœur, il avait repris connaissance de cette partie de son corps depuis longtemps abandonné, et en une respiration, il s'était élancé vers les cieux.
il ressentit dans tout son être que l'altitude lui avait manqué, mais aussi qu'il était peut être en train de commettre une erreur ... mais il n'en avait cure. Dans le pire des cas, il ferais en sorte de sceller définitivement ses pouvoirs. au moins était il sur que ce choix était le bon a cours terme, étant donné que tous ses sens l'informait que le bâtiment dans lequel il se trouvait l'instant d'avant venait de s'effondrer suite aux dégâts engendrés par la jeune femme.
se posant à ses cotés, il ne pris pas la peine de faire disparaitre ses ailles, préférant les garder replié dans son dos temporairement. il était totalement désorienté, dans un lieu qu'il n'avais pas encore analysé et qui l'agressait sensoriellement en permanence, et il ne se devait de se concentrer sur cela. aussi ne pris il pas la peine de s'adresser a Deva, attendant que celle ci s'exprime.